Autriche, l’interdiction du port du voile à l’école jugée discriminatoire
La Cour constitutionnelle autrichienne a jugé vendredi discriminatoire la loi interdisant aux fillettes de porter le voile dans les écoles maternelles et primaires, après la plainte déposée par les familles de deux enfants musulmans.
La Cour a estimé que cette loi présentée par le gouvernement d’extrême droite de Sebastian Kurz en mai 2019, bafouait « la neutralité religieuse et l’égalité des sexes ».
Lors d’une conférence de presse, le président de la Cour Christoph Grabenwarter a indiqué que la loi en question est contraire au principe d’égalité figurant dans la loi sur l’éducation.
Selon Grabenwarter, cette loi vise les étudiants musulmans qui seront alors victimes de discrimination. « Les filles musulmanes perdront ainsi leur chance d’enseignement et seront exclues de la société », a-t-il relevé.
Il a notamment souligné, qu’au contraire de ce qu’avance le gouvernement, les vêtements religieux dans les récoles ne causent aucun conflit dans le système éducatif.
« En résumé, cette interdiction viole le principe d’égalité indiqué dans le paragraphe 43 de la loi sur l’éducation, ainsi que la liberté de pensée et de religion » a conclu le président de la Cour constitutionnelle.
Pour tenter de se prémunir de telles accusations, le texte, adopté au printemps 2019, fait référence à « tout vêtement d’influence idéologique ou religieuse qui couvrirait la tête ».
Mais la coalition gouvernementale de l’époque, composée des conservateurs (ÖVP) du chancelier Sebastian Kurz et de l’extrême droite (FPÖ), avaient clairement dit viser le foulard islamique, quand d’autres signes religieux restent, eux, autorisés, comme la coiffe des hommes sikhs ou la kippa des juifs.
Il s’agit d’un camouflet pour M. Kurz qui souhaitait étendre cette mesure jusqu’à l’âge de 14 ans, contre 10 ans actuellement.
Le gouvernement a dit avoir « pris acte » de cette décision. « Je regrette que les jeunes filles n’aient pas la possibilité de se frayer un chemin dans un parcours scolaire libre de toute contrainte », a déclaré le ministre de l’Éducation Heinz Fassmann.
De son côté, le Conseil autrichien du culte musulman (IGGÖ) a salué l’annonce.
« L’IGGÖ est contre toute forme de coercition », a réagi l’organisation, disant désapprouver autant « le dénigrement » des femmes ne souhaitant pas porter le foulard que « la restriction de la liberté religieuse » de celles qui font le choix du hijab.