Cours de boxe interdit aux voilés : L’islamophobie se manifeste à la fac de Lille
En France on prive encore des étudiants de recevoir des cours de boxe au prétexte qu’elles portent un voile. Cela se passe à la fac de Lille, qui refuse de sanctionner le prof en question malgré les plaintes et les dénonciations, qualifiant le geste d’une simple « mésaventure ».
En effet, selon Mediapart, il s’agit de quatre étudiantes : Assma, 23 ans, étudiante en histoire à l’Université de Lille , Imane, étudiante en deuxième année de chirurgie dentaire, âgée de 21 ans et d’autres qui par peur n’ont entamé aucune démarche.
L’histoire remonte donc à la rentrée universitaire de septembre dernier, où Assma se présente pour s’inscrire au cours de boxe et montre à l’enseignant sa carte d’étudiante. Ce dernier lui rétorque sèchement: « le seul truc, c’est pas de voile. Tu retires ton voile. Parce que je ne prends personne avec un voile. Sport de combat : je ne prends personne avec un voile». L’enseignant fait donc fi de la loi et de la circulaire de 2004 qui proscrivent le port de signes religieux ostensibles dans les écoles, collèges et lycées, mais pas dans l’enseignement supérieur.
Assma, qui avait fait face à ce genre de comportements islamophobes par le passé, avait eu le réflexe d’enregistrer sa discussion avec le prof. Ainsi, preuve à l’appui l’étudiante contacte l’Unef, syndicat étudiant, qui l’oriente vers Martine Benoît, la référente sur le racisme et l’antisémitisme à l’université de Lille, puis elle porte l’affaire officiellement devant les instances dirigeantes de l’université. Media part rapporte que «dans le cadre d’une procédure de médiation, une première confrontation avec l’enseignant est programmée le 21 octobre, mais le professeur de boxe fait faux bond. Une conciliation est finalement organisée le 5 novembre, en présence cette fois de l’enseignant, qui se dit très vexé par cette procédure ». S’ensuivent alors plusieurs rendez-vous pour Assma avec l’université et des responsables de la lutte contre les discriminations, mais elle se sent discréditée, car l’enseignant est qualifié de « maladroit » par la référente racisme et antisémitisme. La référente aurait également affirmé à l’étudiante que son voile est un « signe politique».
La réponse de l’université, et l’islamophobie impunie
Par ailleurs, Interrogée par Mediapart, l’université de Lille, par la voix de Johanne Saison, du service juridique, qualifie l’attitude de l’enseignant « d’erreur d’interprétation » et explique: «le temps de la médiation a été assez long, le professeur incriminé a commis une erreur d’interprétation par rapport aux règles des fédérations sportives de boxe. Il a confondu les règles en vigueur dans les fédérations internationale et universitaire. Au niveau universitaire, le port du voile est autorisé sauf en compétition. Mais là, il n’y en a pas. Mais la médiation n’a pas abouti. Il y a eu une erreur d’appréciation, nous avons présenté nos excuses au nom de l’université à l’étudiante qui nous a saisis ».
Au final, Assma est heureuse d’avoir reçu des excuses de la part de l’université, mais n’est pas totalement satisfaite. Elle explique que «ni la référente ni le professeur ne se sont excusés. Cette attitude est dangereuse. La première n’a pas respecté les principes de neutralité auxquels elle est soumise » et l’enseignant ne sera pas sanctionné pour son acte. Ce qui est confirmé par Johanne Saison qui affirme « Il n’y a pas de procédure disciplinaire engagée. Il va être rencontré et nous allons lui rappeler les règles appliquées dans le supérieur ».