Darmanin porte plainte contre un blog de MediaPart
Selon une information du Point confirmée par Le Figaro puis rendue publique sur Twitter, le ministre de l’Intérieur Français, Gérald Darmanin a déposé plainte contre «le site internet blog-mediapart.fr» pour « diffamation publique envers la police nationale » mercredi 21 octobre.
En effet, la cause est un billet d’opinion rédigé par un contributeur extérieur à la rédaction du média, publié lundi 19 octobre au sujet de l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Sous le tire: « Exécution sommaire du suspect: nouvelle norme en matière de terrorisme », le blog, affirme que les forces de l’ordre bénéficient d’une sorte de permis de tuer lorsqu’il s’agit d’interpeller l’auteur d’un attentat, surtout s’il est musulman. « Dès qu’il s’agit de terrorisme, c’est-à-dire d’un crime commis par une personne musulmane envers une personne non musulmane, la police semble avoir le droit, voire le devoir, de tuer…Applaudir une police qui tue de façon aussi sommaire et systématique les individus suspectés de terrorisme, c’est applaudir une barbarie, c’est encourager la spirale mortifère des violences policières et c’est embrasser ce choc des civilisations qui se trouve – depuis plus de trente ans – en haut de l’agenda de toutes les extrêmes droites du monde » lit-on dans ce blog.
Le terme de «barbarie policière» a particulièrement indigné le ministre de l’Intérieur, qui estime dans sa plainte déposée auprès du procureur de la République de Paris que les propos du blog «sont de nature à porter atteinte à l’honneur et à la considération de la police nationale» et «caractérisent le délit de diffamation publique à l’encontre de l’administration publique de la police nationale». Il ajoute dans ce sens «par ces propos, les policiers sont accusés de barbarie policière, cela revient à les accuser de ne pas respecter les règles d’usage des armes régies par le Code de sécurité intérieure ».
En outre, Darmanin estime que l’auteur impute à la police le crime d’homicide volontaire en raison de l’appartenance à une religion supposée, ce qui porte gravement atteinte à l’honneur et à la considération des forces de l’ordre.
Modification et réaction de Plenel
Face à la polémique, l’auteur du blog a modifié son billet le 20 octobre, avouant une «approche trop provocatrice» en expliquant «parler de “barbarie policière” était une erreur car cela place sur un même plan moral deux violences très différentes. Or, justement, ces deux violences n’ont rien à voir». Néanmoins, il maintient le cap de ses pensées. «Si les caricatures de Charlie Hebdo sont devenues un symbole de la liberté d’expression, pourquoi vouloir à tout prix la censure d’un texte dont le défaut principal est d’être – à certains égards – caricatural vis-à-vis des forces de l’ordre ? Quelles lois ce billet de blog viole-t-il ? Aucune», affirme l’auteur.
De son côté, le directeur de Mediapart, Edwy Plenel a fait savoir que «Mediapart et son directeur de publication ne sont pas responsables des contenus mis en ligne par nos abonnés dans le Club de Mediapart. Nous en sommes l’hébergeur et non pas l’éditeur. […] Comme chez tout hébergeur, la censure d’un billet de blog suppose le respect d’un formalisme juridique afin de protéger la liberté d’expression, fût-elle polémique. Or le billet de blog visé par le ministre de l’Intérieur n’a préalablement fait l’objet d’aucune demande de dépublication dans les formes légales, ni du ministère, ni d’aucune autre administration ».