La CNCDH note une hausse du racisme en France : +54% des actes anti-musulmans

La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu aujourd’hui  son rapport annuel sur l’état du racisme en France. Un rapport qui met la lumière sur la hausse inquiétante du racisme en France.

En effet, Jean-Marie Burguburu, le président de la CNCDH, a remis ce jeudi au Premier ministre le rapport 2019 de 365 pages sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Depuis 1990, la CNCDH conduit tous les ans, un sondage à partir de 69 séries de questions, qui lui permet d’établir un « indice de la tolérance », noté de 0 à 100, 100 étant le plus haut niveau de tolérance. L’étude s’appui également sur les chiffres du SCRT (Service central du renseignement territorial) concernant l’évolution du nombre de faits racistes recensés en France.

Ainsi, pour cette année on enregistre une augmentation globale des faits racistes: +54% d’actes anti-musulmans (de 100 actes en 2018 à 154 actes rapportés en 2019), +27% d’actes antisémites (de 541 à 687) et les actes regroupant les autres faits de racisme – ni antisémites, ni anti-musulmans – enregistrent une hausse de 131% (de 496 à 1142).

Un « paradoxe » subsiste. Certes, le racisme est encore présent en France, mais la société française est de plus en plus tolérante. L’indice de tolérance progresse donc de 13 points entre 2013 et 2019, pour se situer à 66 points.  Surtout, « la minorité noire est la plus tolérée, la plus acceptée, mais elle reste pourtant la plus discriminée », pointe Jean-Marie Burguburu.

Ainsi, 92 % des Français et Françaises estiment qu’il est « grave » de « refuser l’embauche d’une personne noire qualifiée pour le poste ». « Pourtant dans le débat public, sur les réseaux sociaux, dans les stades, c’est à l’égard des Noirs que s’exprime le racisme le plus cru, infériorisant et animalisant », remarque la CNCDH.

Recommandations

La CNCDH estime que le dépôt de plaintes reste largement insuffisant après des agressions racistes. « Les plaintes contre le racisme ne sont pas toujours bien reçues dans les commissariats », dénonce son président Jean-Marie Burguburu. L’organisation recommande à  la hiérarchie d’« adresser des consignes fortes » aux policiers pour qu’ils ne recourent plus aux mains courantes, jusqu’à recommander sa prohibition dans les commissariats et brigades de gendarmerie.

La CNCDH invite également la Place Beauvau à mettre en place plus de formations pour les policiers. Dans ses recommandations, la CNCDH  enjoint les pouvoirs publics « de développer des enquêtes permettant de mieux connaitre les discriminations »; de développer les outils comme les testings, « en particulier dans les services publics, les commissariats et les gendarmeries ».

La CNCDH conseille donc de lancer des « campagnes de communication contre les stéréotypes envers les personnes noires, notamment en montrant leur diversité sociale, économique et professionnelle ». Selon la CNCDH Il faudrait « axer davantage les programmes scolaires sur les racines multiculturelles de la France et leurs apports à la culture nationale », tout en recommandant recommande au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « d’encourager la représentation des hommes et des femmes noires, y compris dans des fonctions d’expertise ».

Il est à noté que le rapport, a été clôturé en mars dernier. C’est à dire  avant le déclenchement des manifestations contre le racisme et les violences policières organisées par le comité Adama Traoré, décédé en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne.

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