Personnalités
L’imam Shafii [biographie]
L’imam Shafii est un témoin précieux de la vie intellectuelle des premiers siècles de l’Islam, est surtout reconnu comme une figure emblématique du droit musulman et des sciences du hadith. Eminent juriste au sein même des lieux saints de l’Islam, il fondera sa propre école juridique. Sage éclairé, il demeure douze siècles après sa mort, une source d’inspiration inépuisable. Voici un regard fascinant sur la vie de l’imam Shafii.
Imâm Shâfil (150/767-204/820) est, chronologiquement, le troisième des quatre fondateurs des rites ou écoles juridiques (madhhab) sunnites en islam. Le premier fut Abû Haniffa (80/699-150/767) ; le deuxième, Mâlik b. (95/715-179/795) ; le quatrième est Ahmad Ibn Hanbal (164/780-241/855). Du point de vu du nombre de ses adhérents, le rite shâffite est, également, second dans le monde, après le hanafite.
Naissance de l’imam Shafii
Les biographes s’accordent tous pour situer la naissance de Shâfi en 150 de l’hégire (767 A.J), l’année de la mort de Abou Hanifa, selon certains, jour pour jour.
La plus ancienne source nous apprend que Shafii naquit soit à “Asqalên”, ville méridionale de Palestine, soit au Yémen, alors que la majorité des biographes penche pour Friazza (l’actuelle Gaza) en Palestine méridionale.
Nom et ascendance
Le nom de l’Imam Shafii est Mohammad ibn Idris ibn Abbas ibn Uthman ibn Shafi. Il était un Qorachide et ses ancêtres sont de la tribu d’Abd Manaf. Son arrière-grand-grand-grand-père (3 e grand père) et son père (4 e grand père) étaient compagnons du Prophète. Son 4 ème grand-père Saib Ibnu Ubaid a combattu les musulmans lors de la bataille de Badr et il était l’un des captifs.
Pendant la période de captivité, l’Islam est entré dans le cœur de Saib mais il n’a pas déclaré la Chahada immédiatement. Lorsque les membres de la tribu de Saib ont payé la rançon et l’ont libéré de la captivité, ce n’est qu’alors qu’il a déclaré qu’il était devenu musulman. Lorsqu’on lui a demandé la raison de son action, il a dit qu’il voulait faire bénéficier les musulmans du montant de la rançon.
Très jeune, son père est décédé et sa mère est retournée à La Mecque alors que l’imam Shafii était très jeune. Il a grandi en voyant des érudits enseigner autour du Masdjid Al Haram et il avait l’habitude d’assister aux cours de divers érudits dès son plus jeune âge.
La mère de imam Shafii s’appelait FâTimah, fille de `Abdi l-Lâh, Al-‘AZdiyyah par rapport à la tribu yéménite Al-‘AZd, ou peut-être une descendante du cousin et gendre du Prophète, Ali b. Abî Talib. Bien qu’il y ait divergence à propos de ce lien de parenté, Emile Chaumont rappelle son incidence sur sa mihna (l’épreuve le procès de Shâffi) plus tard.
Enfance et apprentissage
Né en Palestine, l’imam Shafii a consacré toute sa vie à l’apprentissage et la diffusion de la science de la religion.
L’imam n’a pas rencontré l’imam Abu Hanifa, mais il a rencontré deux autres grands imams de l’islam, l’imam Malik et l’imam Ahmed Ibn Hanbal. Shafi était en fait un élève direct de l’imam Malik pendant longtemps. D’autre part, l’imam Ahmad ibn Hanbal était également un élève direct de l’imam Shafi.
Quand l’imam Shafii avait 7 ans, il a mémorisé tout le Coran. Il a aussi mémorisé le Muwatta de l’Imam Malik. La récitation du Coran par l’Imam Shafi était mélodieuse et apaisante, nous rapporte également al-Baghdadi, en son Rahkh Baghdâd.
A l’âge de deux ans (ou dix selon d’autres sources), Shâfiî, alors orphelin de père, est emmené par sa mère à La Mecque, chez des parents. Vivant modestement à Shi’b al-Khayf, le jeune Shâffî reçoit une éducation propre à son statut de membre de la noblesse tribale : poésie et archerie (furûsiyya). Ses longs séjours au sein de la tribu des Huzail, tribu de l’Arabie du Nord, réputée pour la beauté de son parler, lui permettent ainsi d’acquérir une très grande connaissance de la langue et une belle qualité d’écriture. Ibn Kathîr nous apprend qu’il fréquenta les Huzail une dizaine, voire une vingtaine d’années.
l’imam Shafii était aussi excellent archer. Il avait, dit-on également, des connaissances en médecine (tibb). Ibn Abî Hatem ar-Râzî (327/939), son plus ancien biographe, rapporte des anecdotes faisant état de ses connaissances en ce domaine. A cela, il convient d’ajouter les connaissances de Shâffî en physiognomonie (firasa) et astrologie (nujûm).
Son premier professeur de religion était alors le chef religieux islamique de La Mecque. Par la suite, il a appris le Hadith du célèbre Sufiyan ibnu Uhaina. Très jeune, l’Imam Shafi a commencé à enseigner au sein de Masdjid El Haram. À l’âge de 16 ans, l’Imam Shafi est allé à Médine pour étudier auprès de l’un des plus grands érudits de l’époque, l’Imam Malik ibnu Anas. Il a également étudié auprès de l’imam Mohammad ibnul Hasan As-Shaibani en Irak, qui était l’un des éminents étudiants de l’imam Abu Hanifa.
Ses Maitres
L’enseignement reçu par l’imam Shafii se répartit sur :
A La Mecque :
– Muslim b. Khâlid b. Farwa Abû Khalid azinjî al-Maki (m.179/795 oU 180/796). Maître en fiqh de Shâfiî, avant la rencontre avec Mâlik.
– Ismâil b, Qustantîn lui enseigna le Coran, en particulier la lecture d’ibn Kathîr (m. 120/’ 737), l’un des sept lecteurs.
– Sufyân b. Uyayna (m. 198/813). Agé d’une quinzaine d’année, Shâfii reçut de lui l’autorisation de délivrer des consultations juridiques (fatâwâ). Sufyân fut, également, l’un des maîtres d’ibn Hanbal (m. 241 / 855).
A Médine :
– Abd a1 Azîz b. Muhammad Ad-Darawardi (m. aux environs de 187/802). Un de ses maitres en fiqh et en sciences du hadith. Shâfii citera un nombre non négligeable de traditions rapportées par lui.
– Mâlik b. Anas (95/715-179/795). Il apprit son principal ouvrage, le Muwatta et suivit son enseignement. Le récit de sa rencontre avec Mâlik b. Anas est célèbre. Shâfii se présenta auprès de Mâlik, nous apprend Ibn Abî Hâtim ar-Râ.zî, vers 170/786, et lui demande la permission de lui réciter le Muwattâ. Mâlik, après des hésitations, accepte ; il est surpris par l’éloquence de son futur disciple.
Pendant une dizaine d’années, il suit l’enseignement de son maître, jusqu’à la mort de Mâlik qui restera son maître par excellence ; mais Shâfiî n’est pas un pur muqallid (imitateur- reproducteur). Il gardera toujours ses distances intellectuelles. Plus tard, on lui attribuera un Kitâb Ikhtilaf Mâlik wa Shafii (le livre des divergences entre Mâlik et qui est de la plume d’un disciple shâfiite égyptien, Ar-Rabi b. Sulaymân al-Muradi (m. 270/883). Les mâlikites d’Egypte ne pardonneront pas à Shâfii ce livre. Il y aura, par la suite, toute une littérature dirigée contre Shâffî.
– Ibrâhîm b. Abî Yahya (m. 184/800 ou 191/807), qui était, disent les hérésiographes, un membre de l’école théologique de la Mu’tazila (école rationalisante en islâm). Mais, selon Fakhr ad-Dîn ar-Razî, Ibrahim ne lui enseigna que le droit (fiqh) et la tradition (hadith). Cependant, c’est une question importante que de déterminer l’influence qu’a pu avoir cette école — ou plus précisément les tendances communes à plusieurs des écoles se réclamant de la Mu’tazila – car elle pose le problème de l’origine et de l’usage de la rationalité chez Shâfi.
Fonction à Najrên (nord du Yémen) :
C’est durant son séjour à Najran qu’il fut compromis dans la révolte Alide de Yahya b. Abd Allah (un Hasanide) en 176/792, contre le pouvoir central du calife abbâside Harün ar-Rashîd.
Si l’on en croit Ibn an-Nadîm (m. 385/995)) Chafii était un ardent partisan shiite (shâdidan fi-t-tashayyu). Toutefois, cette affirmation est contredite par une déclaration de Shâfil lui-même dans la Risàla. Il dit, en effet, « Les musulmans désignèrent comme calife Abû Bakr, lequel désigna Omar comme son successeur ; puis Omar confia aux membres du Conseil le soin délire l’un d’entre eux. Le Conseil élut Abd ar-Rahmên ibn Awf qui choisit Othman ibn Affân pour lui succéder ». On voit très bien comment l’imam Shafii pose le problème politico-religieux de la fonction de l’imâmat suprême : l’ordre hiérarchique correspond à l’ordre temporel, chronologique. C’est la position classique dans le sunnisme.
Toujours est-il que les biographes ont parlé, à l’instar de celle d’Ibn Hanbal de son épreuve (imtihân, fitna, mihna). Après la fin de la révolte de Yahya b. Abd Allah, Shâfii comparut devant Haroun ar-Rashîd. Les traditions rapportent la défense – du reste brillante – de Chafii devant le calife, à Raqqa, ville dans laquelle se réfugia le calife, à cause des troubles à Baghdâd. Mais, très probablement, ce fut à l’intervention du célèbre juriste et homme influent à la cour, Muhammad b, al-Hasan Shaybanî (189/805) que Shafîi dut son salut.
Cette épreuve est intéressante, du fait qu’elle s’accompagna d’un essor littéraire qui eut sa part dans la naissance des premières disciplines islamiques, l’exégèse coranique, le fiqh, la Sira et l’histoire. Elle montrerait peut-être l’intérêt que put prendre Shâfiî à participer à ces discussions doctrinales, outre un intérêt qui ne fut que strictement politique porté à cette sédition. Après cet épisode, Shâfiî n’occupa plus de fonction officielle.
Iraq
Des imprécisions apparaissent au niveau des différentes dates auxquelles l’imam Shafii se rendit en Iraq. Retenons qu’il est généralement admis qu’il se rendit à Baghdâd aux environs de 184 de l’hidjri ; il y resta deux ans. Durant ce séjour, il approfondit ses connaissances en fiqh auprès des de l’école de Abû Hanifa (80/699 – 150/767) en particulier Muhammad b. Hasan (m. 189/805) et Abû Yüsuf (m. 182/797), les deux grands disciples de Abû Hanifa. Shâffî eut, en particulier, avec ces derniers et les cercles d’érudits qui les entouraient des controverses (munâzalât) dont il gardera un souvenir très vif, puisqu’il composa une réfutation des thèses de Shaybânî. Puis il revint à la Mecque il y demeura une dizaine d’années. Du statut de disciple, il passa à celui de maitre.
À La Mecque, al Chafii a commencé en effet, à donner des conférences à la Mosquée sacrée, laissant une profonde impression sur de nombreux étudiants en droit, dont le célèbre juriste Ahmad Ibn Hanbal. Le raisonnement juridique d’Al Chafii a commencé à mûrir, alors qu’il commençait à apprécier la force du raisonnement juridique des juristes Hanafī et prenait conscience des faiblesses inhérentes aux écoles de pensée Mālikī et Hanafī.
Séjour en Égypte
L’Imam Shafii arriva en Égypte en 199 A.H., mais sa grande renommée l’avait précédé et il fut accueilli par les savants d’Égypte qui connaissait son rang élevé. Il dirigea un cercle de science à la Mosquée de `Amr Ibn Al-`Âs.
La population égyptienne s’attacha à lui. Pour sa part, il aima les égyptiens et apprécia son séjour parmi eux. L’abondance de sa science, la vivacité de son esprit et sa grande éloquence séduirent ; de nombreux disciples de l’école hanafite et malékite.
Fondateur de l’école châfiite
Shâfii a fondé l’école de jurisprudence (madh-hab) châfi`ite. Ar-RâZiy, dans son livre “Manâqibou Ach-Chafi” a rapporté « Sache que AShâfi, que Allāh lui fasse miséricorde, a composé son livre “Ar-Risâlah” alors qu’il était à Bagdad, mais lorsqu’il est retourné en Égypte, il l’a écrit de nouveau ; et dans chacune des deux versions, il y avait beaucoup de science. ».
C’est en Égypte, que l’Imâm Shâfi établit la forme définitive de son école. Ainsi, l’Égypte fut le berceau de ” Al-Madhab Al-Jadîd ” (la Nouvelle Ecole), alors que l’on réfère à l’époque de l’Iraq par ” Al-Madhab Al-Qadîm ” (l’Ancienne Ecole). En effet, la nouvelle école réunit les opinions juridiques et les fatwas de l’Imâm Ash-Shâfi qui diffèrent sur des questions d’ijtihâd par rapport à certaines de ses opinions qu’il avait formulées alors qu’il était en Iraq.
Le chafiisme est répandu dans plusieurs pays. On le retrouve en Inde et en Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaise, Thaïlande…) ainsi qu’en Égypte, au Yémen, et dans les pays du Châm (Liban, Syrie, Palestine et Jordanie), aux Îles Comores, etc…
En tant qu’enseignant, l’Imam Shafii était aimé de ses élèves. Ses cercles de conférences à La Mecque étaient autrefois les plus encombrés. L’imam Shafii a beaucoup voyagé, contrairement aux trois autres grands imams de l’islam. Il s’est rendu à Bagdad à plusieurs reprises et y est resté quelques années au total.
En l’an 198 de l’Hégire, Al-Ma’moun Al-`Abbâsiyy est devenu le calife des musulmans. Mais à son époque, Ach-Châfiii n’a pas aimé prolonger son séjour à Bagdad. Al-Ma’môun, qui encourageait la philosophie qui s’était propagée à son époque ; a proposé à Ach-Châfi`i de se charger de la fonction de qâDî (juge), mais Ach-Châfi`iyy a refusé.
L’imam s’est également rendu au Yémen et en Égypte et y est resté quelques années, durant lesquels ses livres se sont diffusés et il est devenu célèbre en raison du grand nombre de personnes qui ont appris auprès de lui la science de la religion.
Les disciples de l’imam chafii
La participation des étudiants a également été la plus élevée lorsque l’Imam Shafi a commencé à enseigner ; au grand Masdjid de Bagdad. Certains des enseignants de l’imam Shafi avaient même l’habitude d’assister à ses conférences, notamment Sufiyan ibnu Uhaina. Un grand nombre de grands savants de l’islam ; qui ont par la suite transmis les enseignements authentiques de cette religion à la génération suivante ont acquis des connaissances aux pieds de l’imam Shafi. L’étudiant le plus célèbre de l’imam Shafi était l’imam Ahmed ibn Hanbal. En dehors de cela, Ahmed ibnu Hajjaj, qui était l’un des principaux enseignants de l’imam Bukhari, était également un élève de l’imam Shafi.
l’imam Shafii, en raison de ses voyages, a fait l’expérience de la différence entre les diverses règles islamiques, entre Médine et Bagdad. À ses débuts, l’imam Shafi prononçait des verdicts sur la base des opinions de l’imam Malik. Il a également longuement étudié auprès de l’un des principaux étudiants de l’imam Abu Hanifa. Au fil du temps, l’imam Shafi a ressenti l’importance de revisiter certains des enseignements de ces grands imams de l’islam ; afin d’assurer la cohérence entre les différentes décisions de Médine et de Bagdad. Cependant, l’Imam Shafi était très respectueux envers les opinions des autres grands Imams.
La doctrine de l’imam Shafii
Le madhhab Shâfiit est réputé pour être le plus conservateur des quatre écoles de jurisprudence. Sa doctrine est en effet, basée sur (1) le Coran, (2) la Sunna, (3) le consensus (absence de désaccord) et (4) l’analogie.
La doctrine de l’imam Shafii se situe ainsi entre l’école de l’opinion (Irak) et celle de ceux qui s’attachent au hadith (Hijaz). Il concilie le rigorisme des uns et la souplesse des autres.
Par ailleurs, la doctrine de Shafei s’appuie fortement sur la Sunna, il admet le hadith rapporté par un seul si le rapporteur est digne de confiance et critique la méthode des hanafites consistant à exiger la célébrité de certains hadiths comme condition de validité. Il rejette également le jugement préférentiel au sujet duquel, il a écrit un livre intitulé : “invalidation de l’istihsan”. Shafii considère ainsi cette règle comme étant une manière de légiférer. L’imam rejette également la règle de l’intérêt absolu et ne tient pas compte des habitudes des gens de Médine.
Ashafei fut le premier à systématiser les fondements du fiqh (ousoul al fiqh), dans son livre « Al-Risâla ». Ibn Khaldûn, le célèbre historien, a indiqué que « L’attribution des fondements du fiqh à al-Shâfi’i est semblable à l’attribution de la logique à Aristote ».
Son école se répandit grâce aux nombreux voyages de ses disciples. Elle est ainsi aujourd’hui pratiquée par environ le quart de la population musulmane mondiale. Principalement en Afrique de l’Est ; dans la péninsule arabique, et en Asie du Sud-Est. C’est le rite officiel du Sultanat de Brunei et de la Malaisie.
Les qualités de l’imam Shafii
Il a été rapporté ainsi, qu’une fois l’Imam Shafii a visité la tombe de l’Imam Abu Hanifa et a prié au Masdjid adjacent. L’Imam Shafi était d’avis qu’il fallait lever la main à chaque fois en disant Takbeer pendant Salat ; ce qui n’était bien sûr pas l’avis de l’Imam Abu Hanifa. Cependant, tout en priant à ce Masdjid, l’imam Shafi n’a pas levé les mains en disant chaque takbeer. Lorsque les gens lui ont demandé pourquoi, il a répondu qu’il l’avait fait par respect ; pour le propriétaire de cette tombe.
Cela montre à quel point les grands imams de l’islam se respectaient malgré leurs opinions divergentes. Par conséquent, les musulmans d’aujourd’hui devraient tirer une leçon précieuse de cet incident et commencer à respecter l’opinion des autres écoles de pensées.
Ibn Khallikan a dit également sur l’imam Shafii : « Il y a eu consensus des savants de toutes les contrées, parmi les gens du hadith, du fiqh, des bases du fiqh, de la langue, de la grammaire et des autres sciences, au sujet de la probité de Shafii, de sa dignité, de sa notoriété, de sa frugalité, de sa crainte d’Allah, de sa vie probe, de sa place élevée et de sa générosité ».
Ses Œuvres
L’imam Shafii a écrit de nombreux livres et selon certaines narrations, le nombre est d’environ 123.
L’un de ses livres célèbres est Ar-Risâlah fî Usûl Al-Fiqh (l’Epitre dans les fondements de la Jurisprudence). Ce n’est pas un livre sur les problèmes spécifiques de son verdict, c’était plutôt un livre posant les principes de la jurisprudence islamique sur lesquels toutes les écoles de pensée s’accordent. Il fut l’une des premières personnes dans l’histoire de l’Islam à développer cette branche de la religion.
Kitâb « Al-Oum » (L’Essence) qui couvre la plupart des chapitres traités en Fiqh. Il y a noté ses opinions sur diverses questions et y a rapporté ; des débats qu’il a eu avec d’autres oulémas, notamment hanafites et malékites. Ce livre a été publié, une fois compilé par le juriste égyptien, Sheikh Ahmad Al Husaynî ; qui rédigea également un commentaire en 24 volumes où il explique la section du livre Al-Umm traitant de l’adoration et des œuvres de culte. Il intitula son commentaire, qui est encore sous sa forme manuscrite à Dâr Al-Kutub Al Misriyyah, Murshid Al-Anâm li Bar’ Umm Al-Imâm qui contient une longue préface recouvrant les classes des juristes chaféites.
Ses exégèses de certains versets du Coran ont été ainsi rassemblées par le chaféiste Al-Bayhaqiy dans un livre intitulé « Ayat ul-Ahkam ».
On connaît en effet, de Shaffî un recueil (diwân) de poèmes, publié sous forme d’extraits ou de volume séparé. De nombreuses éditions en ont été faites. Parmi les vers qu’on lui attribue, on peut citer :
Une des preuves de la prédétermination et de son existence
Est l’infortune de l’homme intelligent et la vie fastueuse du sot
Si composer de la poésie ne jetait le discrédit sur les savants,
J’eusse été, aujourd’hui, plus poète que Labîd.
Shâfii rapporte : j’avais épousé une femme de Quraysh, à La Mecque. Je plaisantai avec elle et lui dis :
Le malheur est que tu aimes et celui que tu aimes ne t’aime pas.
Elle répondit :
Il détourne de toi son visage et toi tu t’obstines et n’espaces pas les visites.
Epreuves, maladie et décès de l’imam Shafii
Pendant son séjour en Egypte, l’Imam Shafii est tombé malade et cette maladie l’a fait beaucoup souffrir. Malgré la maladie, il a continué ses études et ses enseignements. Selon certains historiens et érudits, cette maladie a finalement causé sa mort.
La dernière nuit du mois de Rajab en l’an 204 de l’Hégire, (820 après JC), ce géant érudit de l’Islam ; est décédé à l’âge de 54 ans en Egypte. Sa prière funéraire, dirigée par le gouverneur d’Égypte, a réuni des milliers de personnes.
Ce théologien a joué en effet, un grand rôle dans la formation de la législation musulmane qui s’occupe de tous les aspects de la vie publique et privée du musulman
Le mausolée (tombe) de l’imam Shafii au Caire
Al-Shāfi’ī a été ainsi enterré en Egypte dans le caveau des Banū ‘Abd al-Hakam, près du mont al-Muqattam. La qubbah (arabe : قُـبَّـة , dôme) a été construite en 608 AH (1212 CE) par le sultan ayyoubide Al-Kamil, et le mausolée reste un site important aujourd’hui.
On ne peut conclure sa biographie sans partager ces quelques vers attribués à l’imam :
Tu quittes déjà ce bas monde sans que tu en sois conscient
Si la nuit te couvre, seras-tu encore au jour montant?
D’ailleurs combien de bien portants sont morts sans mal apparent
Combien de malades, un moment d’éternité, survécurent pourtant
Combien de jeunes se sont couchés puis réveillés souriants
Et dans l’invisible, à leur insu, leur linceul se tissant
Quand bien même un homme vivrait mille et plus de deux mille ans
Un jour ou l’autre, vers la tombe, il ira inéluctablement…
Bibliographie:
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- Sindbad-actes sud, édition de 1997 livre Al-Isâba fî Tamyîz Assahâba d’Ibn Hadjar
- L’imam Al-Shafi’i – Un homme hors du commun, Abu Zakariyya Muhyiddin Al-Hussayni, édition Albourak 2018.
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