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L’islam une religion de droite et de gauche, quid du vote musulman
Si le clivage gauche droite existe en France depuis le début de la 3émé République, la place de l’islam en France n’a jamais été aussi contestée par nos politiques. La droite pointe du doigt les 5 millions de français de confession musulmane puisque ces derniers ne pèsent pas grande chose électoralement. Cette situation risque-t-elle de changer ? Peut-on avoir en France un vote musulman ?
L’islam politique, si il existe, est-il plutôt de gauche, ou de droite? Avant de tenter de répondre à ces questions, il est intéressant de se poser la question de la couleur politique de l’islam.
L’islam une religion de droite
L’islam peut bien être une religion de droite. Il est contre le mariage pour tous et le droit à l’avortement. Beaucoup de musulmans ont participé activement à la manif pour tous lancé en 2012 pour contrecarrer la loi autorisant le mariage gay. Si l’islam partage à la virgule près avec le christianisme l’interdiction de mariage entre des personnes du même sexe ; il n’a pas la même vision sur l’avortement que le catholicisme, foi dominante de la droite française.
L’islam garanti aussi la propriété individuelle. La religion musulmane ne fixe pas de limite à la richesse individuelle et incite les musulmans à créer de la richesse et profiter de la vie sur Terre. Le Messager d’Allah (paix sur lui) a dit: “Allah aime voir le signe de Ses bienfaits sur sa créature.”. Les riches ne sont pas stigmatisés dans l’islam, au contraire, ils ont toute leur place pour la construction du pays et l’aide des plus démunies via la Sadaka (l’aumône).
L’impôt sur la fortune est modéré en islam. Il est de 2,5% de tout capital dormant pendant plus d’une année lunaire. Aucun impôt sur le revenu n’est exigé. L’impôt sur l’épargne inutilisé pendant plus d’une année, incite le citoyen à réinvestir son argent ou stimuler la croissance économique par la consommation.
Enfin la sécurité des biens et des personnes est au centre de la religion musulmane et constitue un enjeu majeur pour les musulmans. Le Prophète Mohammed a dit: “Par Allah, il ne croit pas! (trois fois)”. Il a été dit: “Qui est-ce, ô Messager d’Allah?” Il a dit : “Cette personne dont le voisin ne se sent pas à l’abri de son mal”. C’est dans ce sens que le l’islam interdit le vol, le meurtre et les agressions.
On peut donc conclure que les idées de droites se retrouvent en grande partie dans les enseignements islamiques. Le vote musulman est-il de droite? Non selon un sondage Ifop de 2017. Seulement 15 % des français de confession musulmane ont voté pour la droite en 2017.
L’islam une religion de gauche
D’autre part, l’islam prône l’égalité entre les citoyens. En effet, le principe d’égalité ou d’équité est un élément fondamental du système de valeurs de l’islam. L’Islam enseigne qu’aux yeux d’Allah Tout-Puissant, tous les gens sont égaux, mais ils ne sont pas nécessairement identiques. Il existe des différences de capacités, de potentiels, d’ambitions, de richesse, etc. Toutefois, aucune de ces différences ne peut, à elle seule, établir le statut de supériorité d’un homme ou d’une race sur une autre.
L’importance centrale de l’égalité sociale dans l’islam se manifeste surtout dans l’institution de la zakāt, une aumône fiscale, l’un des piliers de l’islam. Il oblige les musulmans à donner une certaine partie de leurs biens aux nécessiteux.
Le respect de la création est un autre thème central du Coran, qui se croise avec les principes de respect des droits de l’homme prônés par la gauche.
Aussi, les érudits islamiques se réfèrent aux principes théologiques pour démontrer la compatibilité entre l’islam et le fait de vivre une vie en harmonie avec l’environnement et le développement durable.
L’Islam combat la pauvreté en encourageant le travail des capables et en incitant les riches à la solidarité sociale. L’Islam n’est pas contre les riches et les mieux nantis, mais il établit un droit des pauvres à la richesse des riches, le devoir des riches envers les pauvres, et le devoir de l’État envers les pauvres aussi. En effet, Omar Ibn Al-Khattab est celui qui fonda le Bait Al-Mal (trésor public) et en fit ses deux affluents : la Zakat et le Kharaj.
Selon l’Ifop 56% des musulmans de France ont voté pour la gauche en 2017 (LFI et PS).
Les principes Républicains
L’Esclavage
Il est de notoriété publique que l’esclavage était le système de travail utilisé par les principales civilisations du monde pendant des milliers d’années avant l’avènement de l’Islam. Cependant, l’Islam n’a pas construit un empire par l’asservissement d’un homme par un autre ; au contraire, l’islam se base sur le principe de l’égalité de tous les hommes et de la fraternité universelle. L’islam a ouvert les portes de l’égalité sociale, politique et économique aux esclaves – en conséquence, les esclaves d’autrefois sont devenus des sultans et les femmes esclaves sont devenues les favorites du souverain et les mères des héritiers du trône.
L’islam représente la libération de toutes sortes d’esclavages qui peuvent entraver le progrès de l’humanité ou ne pas lui permettre de suivre le chemin de la vertu et du bien. Cela signifie la libération de l’homme des dictateurs qui l’asservissent par la force ou la peur, lui faire faire ce qui est mal et le priver de sa dignité, de son honneur, de sa propriété et de sa vie.
L’Islam libère l’homme d’une telle tyrannie en lui disant que toute autorité appartient au Créateur et au Créateur seul. Lui seul est le Vrai Souverain. Ainsi L’Islam libère l’homme de la peur et de l’oppression qui lui sont infligées par des hommes comme lui.
La Choura
Plus qu’une religion, l’islam est un mode de vie embrassant tous les aspects de la vie de l’homme : spirituel, social, économique, culturel, politique. L’islam, situant l’homme au cœur de tous les enjeux du monde, considère la vie de l’homme dans toute sa globalité.
En islam le pouvoir est une émanation du peuple qui en investit l’un d’eux. Ils donnent au plus méritant et le plus apte à l’assumer au regard de ses compétences techniques ; ses connaissances islamiques et ses qualités morales. Ce pouvoir qu’il soit au niveau d’un État, d’une communauté, d’une association ou d’un groupe quelconque ; ne s’acquiert pas par une compétition comme dans la démocratie. Encore moins, aucun musulman ne doit convoiter ou prétendre à une responsabilité personnellement. C’est le peuple à travers un collège électoral (Choura) qui va designer les éventuels candidats capables d’assumer la responsabilité.
Quel profil ont les électeurs musulmans en matière d’idéologie politique ?
En dépit de la diversité ethnique des musulmans de France ; celle-ci se traduit par un profil unique en matière d’idéologie politique.
En effet, sur les questions de diversité culturelle et de liberté religieuse, le vote musulman est plus en phase avec la gauche plus libéral dans ce domaine. Les français musulmans s’attendent en effet, à être traités avec respect et à être acceptés comme faisant partie intégrante de la nation française. Le courant de gauche est plus susceptible de répondre à cette aspiration.
Cependant, sur les questions morales et sociales, les musulmans sont plus proches de la droite conservatrice. Les musulmans de France ne soutiennent pas, dans leur majorité, l’activisme LGBTQ et sont plus susceptibles que les juifs et les catholiques de soutenir les courants politiques (droite) s’opposants à l’avortement.
Ainsi, les musulmans considèrent la droite comme hostile à l’islam, voire islamophobe, pour des raisons religieuses et raciales (immigration), mais considèrent la gauche comme hostile à la morale islamique et aux valeurs familiales.
Une telle position provoque une dissonance électorale chez les électeurs musulmans. Ce qui est en partie responsable de la baisse de la participation électorale des musulmans. Sauf un vote contestataire.
Ceci est important car la participation musulmane pourrait déterminer les résultats dans un scénario d’élections serrées, où les électeurs musulmans peuvent déterminer à eux seuls l’issu d’une élection. Une forte participation musulmane et le soutien d’un candidat lors du premier tour de l’élection Présidentielle ; pourraient suffire à bousculer l’issu des élections.
L’impossibilité du vote musulman unifié
C’est pour ces raisons qu’il n’existe pas, et il n’existera probablement jamais un vote musulman. Selon la religiosité et la sensibilité de chacun, le français musulman peut pencher à droite ou à gauche ; tout en restant dans le sillon de l’islam.
Comme il est impossible d’être séduit par toutes les propositions d’un candidat. Il faut mettre en place un concile de savants musulmans qui hiérarchisera les points d’intersection de l’islam et les différents sujets sociétaux, afin d’éclairer le musulman en France et lui permettre de voter en son âme et conscience.