Création du CNI en France ; Tarek Oubrou « charge » le CFCM
Tarek Oubrou, le recteur de la mosquée de Bordeaux est contre la création d’un Conseil National des Imams (CNI). Il le confirme à chaque occasion. Cette fois il explique que le CNI ne peut être l’émanation du Conseil français du culte musulman (CFCM), instance peu représentative.
En effet, soutenu par dix imams et islamologues, Tarek Oubrou a publié une tribune au « Monde » dans laquelle il explique son point de vue sur la question.
De prime abord, le recteur de la mosquée de Bordeaux souligne que l’idée de créer le CNI « est bonne » mais « les voies et moyens suivis ne sont pas les bons ». Car selon lui « ce conseil s’appuie sur le CFCM, alors que tout le monde sait qu’il est une institution fragile. Les premières à le savoir, ce sont les fédérations elles-mêmes qui le composent, elles qui, aujourd’hui comme hier, passent leur temps à s’y disputer. L’Etat le sait aussi ».
Pour Oubrou, le CFCM est une instance qui « n’est pas opérationnelle ». Pire : « les Français de confession musulmane ne s’y reconnaissent pour ainsi dire pas ». Ainsi, il précise que 1 100 mosquées n’ont pas participé à la dernière élection du CFCM « dont la labellisation n’aura aucun poids parmi les fidèles ». Il rappelle dans ce sens « qu’aujourd’hui les citoyens sont libres. Grâce à la protection de l’Etat de droit, ils peuvent en tant que musulmans s’organiser en associations cultuelles en dehors de toute institution nationale officielle et désigner ceux qu’ils estiment les plus compétents pour être leurs imams ». Ce qui veut dire que, labellisation ou pas, il y aura toujours des imams qui n’auront pas besoin d’être reconnus par une quelconque instance, surtout par le CFCM, et ne le voudront même pas.
Continuant sur sa lancée, Tarek Oubrou souligne que « les fédérations du CFCM – labellisateur non labellisé –, appelées à former le conseil national des imams, sont dirigées par des laïcs et pas par des religieux ». Pour lui Ils font davantage de la politique que de la religion. « Leur demander de créer un conseil des imams en l’absence des principaux concernés, c’est comme demander à des juges de créer un ordre des avocats » déclare-t-il tout en ajoutant que « les présidents de fédérations ne connaissent souvent rien à la théologie ni au droit canon musulman ».
Dans ce contexte, il explique « Ils vont siéger à côté d’imams désignés par eux-mêmes, des imams qui dépendent d’eux. Ils auront donc prééminence sur eux, alors que ces présidents de fédérations dépendent pour la plupart de pays étrangers » . « Que va-t-il se passer ? On va officialiser en France les interprétations canoniques en vigueur dans ces pays, par la voix de gens sans savoir religieux crédible ! Et on demande en même temps, au travers de la charte des principes républicains, à ces mêmes représentants de l’influence étrangère de lutter… contre l’influence étrangère sur l’islam en France ! Comprenne qui pourra » a-t-il conclu.