Laurent Núñez : 2 attentats déjoués en 2020 et montée des suprémacistes
Les forces de l’ordre françaises ont déjoué deux attaques djihadistes au cours de l’année écoulée, empêchant ainsi 33 au total depuis 2017, a indiqué dimanche le coordinateur national de l’espionnage et de la lutte contre le terrorisme, Laurent Núñez qui estime que « le terrorisme islamiste sunnite » était « une menace prioritaire », « endogène » et « de plus en plus difficile à détecter ».
En effet, invité du « Grand rendez-vous » Europe1/CNews/Les Echos, Laurent Nuñez n’a donné aucune indication sur la nature de ces deux projets d’attentats déjoués, en soulignant toutefois « le passage à l’acte se fait de manière extrêmement rapide », en citant l’assassinat du professeur Samuel Paty en octobre dernier.
Laurent Nunez a relevé un « point commun » entre les trois derniers attentats attribués à cette mouvance (contre les anciens locaux de Charlie Hebdo, contre Samuel Paty et dans une basilique de Nice) : « le blasphème, la volonté de venger le prophète ». Pour lui, la menace exogène (en provenance de l’étranger) est « moins probable car l’État islamique en Syrie est très affaibli, même si les services français restent extrêmement vigilants » à ce sujet. « L’État islamique se réorganise de manière clandestine », ajoute Laurent Nuñez qui site notamment le Sahel, l’Afghanistan et le Mozambique comme zones de repli de l’organisation terroriste, à l’origine notamment des attaques de novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.
Autre élément de préoccupation : « la dissémination d’anciens combattants de l’Etat islamique dans des théâtres proches, comme la Turquie, la Libye ou les Balkans ».
Par ailleurs, interrogé sur le suivi des condamnés pour terrorisme qui devraient sortir de prison en 2021, Laurent Nuñez a affirmé qu’ils feront l’objet « d’obligations administratives » (pointage régulier, interdiction de paraître dans tel ou tel endroit…). Il a estimé qu’ils seraient « 60 à 70 » dans cette situation en 2021 alors que, selon lui, « 500 condamnés pour faits de terrorisme » et « 900 détenus de droit commun qui se sont radicalisés » sont actuellement en prison.
Concernant l’ultradroite, il a évoqué « 5 attentats » déjoués depuis 2017 et s’est inquiété d’une « montée en puissance des suprémacistes et du survivalisme ». On estime que l’ultra droite représente 1.000 à 1.500 personnes, ce que Laurent Nuñez n’a pas démenti. S’agissant de l’ultragauche, qui représente 2 à 3.000 personnes, il a évalué entre « 150 à 200 » le nombre de dégradations (pylônes incendiés, etc.) pouvant lui être attribuées en 2020.