Le CCIF porte plainte contre le Ministre de l’Intérieur Darmanin
Le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) saisit le Conseil d’Etat pour contester sa dissolution par le gouvernement , a annoncé vendredi son avocat Maître Sefen Guezguez dans un communiqué de presse.
« Suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, une pression médiatique et politique s’est exercée » sur le CCIF alors même que l’association « n’a pas le moindre rapport avec le harcèlement subi par le professeur Samuel Paty », rappelle l’avocat.
Dans une déclaration à l’AFP, l’avocat du CCIF, Me Sefen Guez Guez a déclaré que « le CCIF ira au Conseil d’État pour montrer que cette dissolution est un abus de pouvoir de M. Darmanin, instrumentalisé à des fins politiques ». Une mesure décidée selon lui parce que « le CCIF a comme d’autres organisations critiqué la politique du gouvernement et sa tendance à restreindre les libertés ».
L’avocat estime que « ce moment tragique » a été « instrumentalisé » par des « sympathisants de la droite extrême afin d’en découdre » avec ceux « qui luttent contre la haine et les discriminations qui visent les personnes de confession musulmane en France ».
La dissolution du CCIF, avait été annoncée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans la foulée de la décapitation, le 16 octobre, de Samuel Paty. Darmanin a décrit le CCIF comme une «officine islamiste» œuvrant «contre la République» et contre laquelle il fallait «arrêter d’être naïf».
Face à ce torrent de postures outrancières, le CCIF avait annoncé son départ à l’étranger et son auto-dissolution sur le sol français, pour protéger son action en matière de lutte contre l’islamophobie.
Le gouvernement, a malgré tout prononcé sa dissolution le 1er décembre en Conseil des ministres visant le CCIF, non plus comme association mais « groupement de fait ».
Selon Sefen Guezguez, cette décision des autorités prouve qu’il s’agit d’une mesure « politique » qui trouve sa source dans « la volonté de Gérald Darmanin de faire passer un message à toute personne physique ou morale qui contesterait ses pratiques et son action ».
« À travers le traitement arbitraire du CCIF, ce sont tous les défenseurs des droits humains qui sont visés et si nous ne sommes pas nombreux à le dénoncer, demain, toute organisation ou personne, pourra se voir mise en cause de la même façon avec pour seul tort d’avoir mis en évidence une forme de racisme et de violation des droits en France » poursuit le communiqué.
C’est précisément pour démontrer les dérives du pouvoir que le CCIF a décidé d’aller devant le Conseil d’Etat pour « montrer que l’objet principal de cette dissolution est de criminaliser la lutte pour les droits et les libertés en France ».
Le CCIF a déposé plainte contre le ministre auprès de la Cour de justice de la république (CJR) pour avoir déclaré que l’association était «directement liée» à l’assassinat de Paty, une affirmation qui n’a pas été étayée depuis. Ces «calomnies» ont fait du CCIF «un bouc émissaire» et de ses membres «des cibles sujettes aux représailles», dénonce Me Guez Guez. Outre le CCIF, deux autres structures accusées par le gouvernement de proximité avec l’islam radical ont été dissoutes après la mort de Paty : l’ONG BarakaCity et le collectif «Cheik Yassine».