Le Parlement Suisse rejette une initiative visant l’interdiction du voile intégral
Après avoir été refusée en septembre 2019 par le Conseil des Etats Suisse, aujourd’hui c’est le Conseil national qui a rejeté lui aussi, l’initiative qui vise le port du voile intégral «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage».
Déposée le 15 septembre 2017 par le Comité d’Egerkingen, l’initiative est soutenu par les partis conservateurs, et vise en particulier le fait de se couvrir le visage (Burqa/Niqab) pour des motifs religieux et lors de manifestations.
Ainsi, ce 17 juin, le Parlement suisse a rejeté le texte en question après que le Conseil national ait signifié son refus par 114 voix contre 76 et 3 abstentions. L’initiative est soutenue par l’Union démocratique du Centre (UDC) et une majorité du groupe du centre [Parti démocrate chrétien (PDC), Parti évangélique suisse (PEV) et Parti bourgeois-démocratique (PBD)]. Ce sera au peuple suisse de voter pour l’intégrer ou non dans la Constitution, lors d’un scrutin dont la date est encore indéterminé.
Selon le quotidien « le Temps » la gauche et une partie de la droite libérale s’opposent à cette initiative. Ada Marra, (PS/VD) estime que l’initiative est islamophobe et populiste et amène sur le devant de la scène un problème qui n’existe pas. « La femme à burqa est rare et n’est pas le prototype de la femme musulmane en Suisse » a-t-elle souligné. Et Sibel Arslan (Verts/BS) de rappeler que la plupart des femmes qui portent la burqa en Suisse sont des touristes.
L’initiative est aussi une ingérence dans la compétence des cantons, responsables de la sécurité, a souligné Kurt Fluri (PLR/SO). Par ailleurs, il n’y aura pas de législation commune pour toute la Suisse, contrairement à ce que prétendent les initiateurs, a souligné Damien Cottier. Chaque canton sera libre d’adopter une législation de mise en œuvre.
Il est à souligné que le Parlement a déjà adopté un contre-projet en mars, qui stipule que toute personne est tenue de montrer son visage à des fins d’identification. En cas de refus une amende de maximum 10.000 francs est prévue. Le texte inclut des dispositions en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’intégration, en particulier pour les femmes, les enfants et les jeunes étrangers.