L’islamophobie en Inde monte en puissance
L’islamophobie est en train de monter ne puissances en Inde. Après les caricatures racistes, l’expulsion des migrants illégaux en dépit de l’épidémie, c’est au tour d’un tribunal d’État de déclaré les musulmans « non-citoyens ».
En effet, les membres du tribunal de l’État d’Assam ont déclaré qu’ils se sentaient obligés de déclarer les musulmans « non-citoyens » alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à expulser les migrants illégaux. Et ce, en dépit l’épidémie du Coronavirus qui ravage le pays.
Mamoni Rajkumari, avocate en Inde, a passé ses journées pendant plus de 2 ans à décider qui était un citoyen indien et qui ne l’était pas, et ce, dans le cadre d’un tribunal qui examinait les étrangers présumés dans l’État d’Assam. Puis, dit-elle, elle a été licenciée pour ne pas avoir déclaré suffisamment de musulmans pour être des non-citoyens. « J’ai été punie », a-t-elle déclaré.
En plus des tribunaux, que l’Assam gère depuis des décennies, l’État a par ailleurs récemment effectué un examen plus large et séparé des fichiers de chaque résident pour déterminer s’il était citoyen.
Cet examen a révélé que près de 2 millions des 33 millions d’habitants d’Assam, dont beaucoup désespérément pauvres, étaient peut-être des étrangers. Aujourd’hui, ce groupe – qui est disproportionnellement musulman – est potentiellement apatride.
Le New York Times a interviewé un actuel et cinq anciens membres des tribunaux d’Assam qui examinent les étrangers présumés. Les cinq anciens membres ont déclaré qu’ils s’étaient sentis poussés par le gouvernement à déclarer les musulmans non-citoyens. Trois d’entre eux, dont Rajkumari, ont déclaré avoir été licenciés parce qu’ils ne l’avaient pas fait.
Le musulman exclu de la citoyenneté
Comme l’Assam, l’Inde est majoritairement hindoue, avec une grande minorité musulmane. En décembre, le gouvernement national indien a adopté une nouvelle loi sur l’immigration qui donne une voie rapide à la citoyenneté pour les migrants non autorisés des pays voisins tant qu’ils sont hindous ou l’une des cinq autres religions. Les musulmans sont exclus.
Binod Khadria, expert en migration, ancien professeur à l’Université Jawaharlal Nehru de New Delhi affirme dans ce sens « de plus en plus, il semble que les musulmans deviennent une cible ».
De plus, selon Rajkumari et les membres du tribunal interrogés, le choix de qui est étiqueté étranger présumé semble avoir un parti pris religieux, avec un pourcentage beaucoup plus élevé de musulmans envoyés aux tribunaux que les hindous. Certains de ces membres actuels et anciens du tribunal ont parlé sous couvert d’anonymat parce qu’ils craignaient des représailles de la part du gouvernement.
Kartik Roy, un avocat et un autre ancien membre du tribunal, à affirmé que « de nombreuses références » que des policiers ont faites à son tribunal pour enquêter sur des étrangers présumés « étaient contre des musulmans ».
Il a affirmé que la pression était claire: « vous devez déclarer des étrangers signifie que vous devez déclarer les musulmans », a-t-il dit.
Les membres du Tribunal qui ont déclaré plus d’étrangers ont vu leur performance jugée « bonne », ce qui a accru leurs chances de conserver leur emploi, selon des fichiers judiciaires consultés par le Times. La performance de ceux qui n’ont pas déclaré suffisamment d’étrangers a été qualifiée de « non satisfaisante ». On ne peut parler que d’islamophobie.
Les noms de Rajkumari et de Roy figuraient tous deux sur cette liste d’examen avec une note contre leur nom, disant qu’ils « pourraient être supprimés ». C’est exactement ce qu’il s’est passé. Les mandats de Rajkumari et Roy n’ont pas été renouvelés en 2017.
Le ministère de l’Intérieur à New Delhi, qui supervise finalement les règles de citoyenneté et de résidence en Inde, a par ailleurs refusé de commenter, citant les exigences de la crise des coronavirus.
Le gouvernement de Modi ne semble pas avoir prévu de déporter des millions de personnes. Mais il élargit sa capacité à incarcérer des étrangers; un énorme centre de détention est en construction dans le district de Goalpara, en Assam, où jusqu’à 3 000 personnes sont susceptibles d’être détenues.