Suisse : les musulmanes redoutent l’interdiction du niqab
La Suisse votera le 07 mars prochain une initiative populaire ; visant à prohiber la dissimulation du visage dans l’espace public, en l’occurrence l’interdiction du niqab. Si le soutien à cette initiative sera majoritaire, le quotidien des femmes musulmanes du pays changera radicalement. Chacune se prépare à sa manière à cette idée.
En effet, le quotidien le temps, est allé à la rencontre d’une jeune femme musulmane ; pour avoir son avis sur l’interdiction du niqab. La jeune femme de 32 ans s’est convertie à l’islam il y’a deux ans. En 2017, elle s’intéresse à «toutes sortes de religions. Même certaines dont je ne me souviens plus du nom». C’est l’islam qui lui parle le plus, car il lui donne «le plus de réponses sur la vie, la mort». Elle commence donc à porter un voile. Un an plus tard, elle rencontre celui qui est entre-temps devenu son mari et le père de son enfant. Début 2020, elle fait un pas de plus et décide de porter le niqab ; «C’est une décision importante et j’étais consciente qu’elle susciterait des hostilités.
C’était déjà le cas avec le voile. Je ne voulais pas me précipiter» déclare-t-elle tout en précisant « mon vêtement n’est pas une déclaration politique ». Cette décision pour elle représente « un acte de piété, une histoire entre Dieu et moi. Je me sens mieux et plus en sécurité sous mon niqab, plus proche de Dieu ». Elle raconte ainsi que dans la rue, il n’est pas rare que des inconnus la somment de «retourner chez elle». Alors que son pays c’est la Suisse. Ana a grandi dans le canton de Lucerne ; entre un père suisse et une mère allemande, tous les deux de confession protestante.
Depuis qu’elle porte le voile intégral, elle affirme en effet, qu’elle sort tout autant qu’avant. C’est le regard sur elle qui a changé. C’est aussi un paradoxe : sous un niqab, une femme devient plus visible dans l’espace public. Les insultes, les chuchotements et les regards agressifs, elle les supporte, la plupart du temps. «J’essaye de me dire que ce n’est pas dirigé contre moi ,c’est l’expression du racisme de notre société», ajoute-elle également.
Par ailleurs, la jeune femme estime qu’il y a un malentendu, ancré dans les peurs de la population. Associer le niqab aux organisations terroristes telles que l’Etat islamique ou Al-Qaida relève d’un grossier amalgame.
Depuis le début de la campagne pour l’interdiction de se dissimuler le visage, le couple s’est mis ainsi d’accord ; si l’initiative passe, ils déménageront en Egypte, le dont est originaire son mari.