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Édito : Pour les égoïstes que nous sommes, peut-on aider l’Ukraine par altruisme ?

La question des sanctions contre la Russie et notre aide à l’Ukraine me fait penser à l’altruisme et l’égoïsme. L’un est censé être le contraire de l’autre, mais dans la vraie vie les deux se rejoignent.

Selon Larousse, un altruiste est une personne Qui se soucie du bien d’autrui d’une manière désintéressée. Son contraire est l’égoïste, celui qui s’attache excessivement à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres. Peut-on être un bon musulman altruiste mais au même temps égoïste ? Si oui, serions-nous tous un peu schizophrènes ?

L’altruisme dans l’islam

L’altruisme, paraît-il, est une qualité innée. Elle est naturelle entre les personnes du même sang. Il n’y est plus naturel qu’un parent qui se soucie de l’avenir de ses enfants d’une manière désintéressée. Le père se sacrifie pour garantir un avenir prospère à ses rejetons. Les grands-parents, sont heureux d’aider leurs petits-enfants, ils le font par amour. On l’observe aussi dans les couples amoureux. L’alchimie entre ces deux êtres les laisse se donner corps et âme à l’être aimé. On pourrait même prendre du plaisir, juste, en donnant du plaisir à l’autre, ou le voir s’épanouir.

L’altruiste universel quant à lui, aime tout le monde. Il a ce besoin viscéral de venir en aide à son prochain, qu’il soit un proche ou un inconnu rencontré lors d’un voyage. Ce besoin de partager ses richesses matérielles et immatérielles est difficilement compréhensible dans un monde de plus en plus matérialiste. Il pourra donner sans compter même s’il est lui-même dans le besoin.

Le Coran décrit, très bien, ce genre de personnes adeptes de l’altruisme, “allant même jusqu’à se priver en leur faveur (des autres), malgré leur propre indigence. Heureux les gens qui savent se prémunir contre leur propre avarice” (sourate El Hachr 59-9).

Les problèmes commencent quand l’altruiste partage sa vie avec une autre âme peu charitable. Ne partageant pas sa vision du verbe “donner”. L’autre, ne comprend, rarement, ce besoin de don. Il trouve plus légitime et naturel de faire profiter son couple et ses enfants. Le mal-être de l’altruiste dans ces moments-là est au summum. L’autre oublie que donner sans compter est le panache des Grands.

Mais, peut-on donner sans attendre un retour. Un retour pas forcement matériel. Pas forcément de la part de la personne dont on a aidé. L’altruiste serait-il in fine égoïste comme tout mortel ?

L’Égoïsme un équilibre nécessaire

Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Être égoïste est l’assurance de ne pas mourir de faim. L’égoïsme est une clé parmi le trousseau du succès. Aux USA, on cultive cette qualité jusqu’à l’âge adulte. Être égoïste rendrait l’être humain plus créatif, l’obligeant de s’abstraire des règles et des limites, réfléchir out of the box.

Contrairement à l’altruisme, Larousse précise que c’est l’excès qui fait l’égoïste. Il est naturel qu’on s’attache à soi-même et à ses intérêts, c’est l’instinct de survie. Nous avons besoin de prendre soin de nous, de notre petite personne pour avancer dans la vie. Il faut juste trouver le bon endroit pour mettre le curseur de cet attachement.

On a déjà vu des parents déshériter leur progéniture par égoïsme, par avarice. Des mamans dépourvues de tout instinct maternel abandonner leurs nouveau-nés pour courir dernière une carrière. Des mâles qui abandonnent l’être aimé pour fuir ses responsabilités. Autant d’exemples qui contredisent ce que nous avions énoncé au début de ce papier.

Il se trouve que même un altruiste a une part d’égoïsme en lui, plus au moins importante. Quand il donne aux autres sans compter, il le fait, des fois, pour se faire  une réputation. Il a besoin de cette reconnaissance pour son ego. Même les musulmans le font un peu par égoïsme, un égoïsme un peu spécial.

Le musulman espère qu’Allah l’aide le jour du jugement dernier. Le jour où il deviendra égoïste sans le vouloir. Dieu nous dépeint cette scène du jour du jugement ” bien que se trouvant en face de lui, et où le criminel, pour se racheter des tourments de ce Jour, livrerait volontiers ses propres enfants, sa compagne, son frère, son clan tutélaire, voire l’humanité tout entière, pourvu qu’il soit sauvé.” (sourate El Maarij 70-11/14)

Une image effrayante qui nous explique ce besoin d’égoïsme même pour les altruistes. “Mais lorsque surviendra le Fracas, le jour où l’homme fuira son frère, sa mère, son père, sa compagne et ses enfants, chacun ayant assez, ce jour-là, de s’occuper de son propre sort

Aider pour être aidé

Le prophète de l’islam rappelle les biens faits de l’altruisme « Celui qui soulage, en ce bas monde, un croyant d’une calamité, Allah le soulagera d’une calamité au Jour de la Résurrection. Celui qui accorde une facilité de remboursement à une personne en difficulté, Allah lui accordera une facilité en ce bas monde et dans l’au-delà. Celui qui couvre les défauts d’un musulman, Allah couvrira les siens en ce bas monde et dans l’au-delà. Allah vient en aide au serviteur tant que celui-ci vient en aide à son frère. »  

S’occuper de son propre sort, telle est la question. Donner ici-bas pour retrouver le fruit de notre altruisme le jour du jugement, c’est la transaction la plus lucrative que nous pouvons conclure. Certes c’est de l’égoïsme, mais un égoïsme céleste, qui nous permettra de passer l’éternité à contempler la face de Dieu.

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