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La série Kalifat et ses enseignements sur la radicalisation

La nouvelle série Suédoise Kalifat aux allures de thriller palpitant est un énorme succès. En plus de relater le parcours croisé de deux jeunes musulmanes, la série illustre les ravages de la radicalisation, et nous plonge dans le quotidien de la ville syrienne de Raqqa, terrorisée par l’État islamique. Ceci est une petite analyse critique de la série, qui pourrait représenter un spoil.
Diffusée depuis le 20 mars dernier sur Netflix, sur idée de Wilhelm Behrman et de Niklas Rockström, Kalifat suit plusieurs destins entre la Suède et la Syrie. D’un côté, il y a une femme officier de police (Fatima) qui tente par tous les moyens d’arrêter une attaque imminente de Daech en Suède et de l’autre il y a une femme mère d’un bébé et épouse d’un taliban, qui va devenir une espionne en échange de la promesse de pouvoir s’échapper du pays (Pervin) ainsi que Al Musafir (le voyageur), un jeune recruteur djihadiste qui aide à radicaliser deux sœurs — Suleika et Lisha — et leur amie Karima, tout en planifiant d’importantes attaques terroristes en Suède avec l’aide de personnages secondaires, comme deux jeunes frères suédois qui ont été radicalisés en prison. La série croise aussi l’adolescente Sulle qui se voit ouvrir les portes d’un monde qu’elle trouve fascinant et qui commence sa radicalisation islamique.
Pour ce qui est de la recherche et de la documentation pour la réalisation de cette série, Wilhelm Behrman et Niklas Rockström ont expliqué qu’ils ont recueilli des informations en lisant plusieurs articles et livres ainsi que des documentaires sur l’État islamique et leurs modes de recrutements en Europe occidentale. Après avoir élaboré leur histoire, cette dernière a été examinée par deux experts du terrorisme.

Mécanismes et modus operandi du radicalisme

Le résultat a été une série qui met la lumière sur le modus operandi volet recrutement de l’EI ainsi que plusieurs autres enseignements de ce phénomène. Comme le fait remarqué le site European Eye on Radicalization.
Donc on découvre la dynamique de confiance et la radicalisation de l’intérieur : Ibbe (al-Musafir), travaille comme conseiller scolaire, et de ce fait, il est capable d’établir et d’entretenir avec les adolescents des relations basées sur la confiance ; où ces derniers l’admirent et s’ouvrent à lui.

On retrouve également le love-bombing : Cette technique est fréquemment utilisée dans les processus de toilettage en ligne. Ainsi lorsque la relation entre le recruteur et la recrue potentielle devient plus personnelle, le toiletteur essaie de trouver des moyens fiables et sûrs de pérenniser le contact et de créer des liens affectifs, en faisant croire à la recrue qu’elle est importante.

Il y’a aussi l’exploitation des vulnérabilités sociales et psychologiques et la radicalisation dans les prisons : Sur ce volet, la série fait découvrir une facette peu connu du public, en l’occurrence la radicalisation en milieu carcéral, car l’aîné des deux frères suédois qu’Al-Musafir recrute a été radicalisé en prison, où il a été détenu comme délinquant de droit commun. Le plus jeune affiche des signes de fragilité mentale et, sans discernement personnel, s’engage dans un plan suicidaire.

Propagande et fausses promesses : la série montre comment les recruteurs appâtent leurs proies : Un contact féminin d’Al Musafir et afin de convaincre ses proies montre aux trois jeunes filles des photos de beaux endroits qui sont censés être à Raqqa et leur dit que dans la ville, on ne remarque même pas la guerre qui se déroule.

La stratégie de prévention Suédoise : Durant les huit épisodes, la série fait découvrir des axes de la stratégie suédoise de prévention de l’extrémisme violent, en particulier sur le rôle primordial joué par la communication et le dialogue entre les différents acteurs sur le terrain.
On retrouve donc les réunions périodiques organisées entre la police, les travailleurs sociaux et les enseignants pour discuter de la radicalisation et pour apprendre à repérer les premiers signaux d’alerte.

Par ailleurs, Kalifat a suscité quelques critiques notamment en ce qui concerne la représentation des familles musulmanes modernes, car la série ne dépeint que deux prismes étroits de l’identité musulmane, à savoir les extrémistes ou les ultra-sécularistes.

De plus les contre-arguments que les parents de Suleika utilisent pour la convaincre que ses idées sont fausses et dangereuses sont franchement faibles, incohérents, et manquent de substance. Ses parents n’offrent aucun argument sophistiqué pour éloigner leur fille de la radicalisation. Au lieu de cela, ils se livrent à de faibles déclarations telles que « ce n’est pas le vrai Islam », suivies de longs silences passifs.

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